Le plaisir de voler ou un mal nécessaire?

11 avril 2023
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Dès ma première expérience de vol il y a maintenant près de vingt ans, j’ai aimé la sensation d’être propulsée dans les airs et de voler vers une nouvelle destination. Quand je prends le temps de m’arrêter pour y songer, je constate chaque fois à quel point je suis privilégiée d’être née à une époque où il est possible de traverser le globe en moins d’un jour. Quelle liberté que la nôtre! Et non seulement l’avion me donne la liberté de parcourir le monde à ma guise, on s’assure même de me divertir et de m’offrir à boire et à manger alors que je survole les continents et les océans. Bien sûr que j’oublie parfois qu’il s’agit bel et bien d’un privilège, d’une liberté accessible à notre société.

Une fois à bord, il m’arrive certainement de me sentir coincée dans mon siège, fatiguée sans pouvoir m’offrir un repos réparateur, anxieuse d’arriver à destination. Pour contrer au maximum ces moments d’inconfort, je me prépare bien avant de partir, autant mentalement que physiquement. Dès la veille de mon départ, je m’assure que ma valise est bien bouclée, un souci de moins. Tout doucement, je conditionne mon esprit à la journée qui m’attend et j’active le « mode passif » de mon cerveau. Rien ne sert de me stresser, de propulser mes pensées vers le moment de mon arrivée. Je sais que plusieurs heures de transport m’attendent et je les vis une à la fois. Avec plus de soixante vols à mon actif, je sais pertinemment que j’arriverai à destination le temps venu, que d’anticiper la longueur de mes déplacements ne fera que me donner la sensation que chaque heure est plus longue, plus pénible. J’aborde donc la journée dans ce mode passif, prête à toute éventualité.

Des retards de vols, j’en ai connu! Dans cette ère où plus de 100 000 vols parcourent la planète chaque jour, n’est-il pas normal et envisageable que des retards et annulation de vols se produisent? Certainement! J’accepte cette réalité car je garde toujours en tête que la sécurité doit primer sur tout le reste lorsqu’il est question de fendre l’air à plus de 800 kilomètres à l’heure et à 9 000 mètres du sol. Les inconvénients d’arriver plus tard à destination et de peut-être manquer une activité ou deux sont minimes lorsque ma sécurité est en jeu. Je comble ces délais en poursuivant la lecture de ce livre que j’ai prévu lire pendant mon voyage ou encore en complétant ma grille de mots fléchés. Et même si ce retard me fera possiblement manquer ma prochaine correspondance, je sais que j’aurai toujours la possibilité de prendre le prochain vol. Si la majorité du temps la compagnie aérienne me protégera sans frais sur un autre vol, je ne m’inquiète pas des situations où des frais pourraient être encourus car j’ai pris soin de bien m’assurer avant le départ et que ma police couvre ces déboursés imprévus. J’ai l’esprit tranquille.

Combien d’heures ai-je passées dans différents aéroports du monde? Je ne saurais dire. Parfois pressée par le temps, je n’ai comme seule mission d’atteindre ma porte d’embarquement. Alors que je dois parcourir les corridors et les barrières de sécurité, j’apprécie d’avoir pris le temps de regarder le plan de l’aéroport. J’ai ainsi une idée de la direction à prendre ou d’un éventuel changement de terminal. D’autres fois, la situation est bien différente. J’ai à ma disposition plusieurs heures pour me dégourdir les jambes, explorer les boutiques, manger une collation, lire ou, tout simplement, observer les milliers de voyageurs qui passent dans tous les sens. Des gens de tous les pays du monde qui se retrouvent en ce point stratégique. Je tente de deviner ce qui les amène ici aujourd’hui : un retour à la maison après de longues années d’exil, un mariage, des vacances bien méritées, un nouvel emploi loin de la maison, la signature d’un contrat qui changera le cours de leur carrière. Je les écoute parler dans ces langues qui me sont étrangères et vêtus à l’image de leurs origines. Sans même m’en rendre compte, les heures passent et bien vite, on appelle l’embarquement de mon vol.

Me revoilà assise dans ce siège qui sera mien pendant les prochaines heures. J’effectue mon rituel habituel : je sors de mon sac mon cellulaire et mes écouteurs qui me permettront d’écouter ma musique sélectionnée, j’installe mon livre dans la pochette devant moi, je retire mes chaussures pour être confortable et je commence déjà à choisir les films qui animeront une bonne partie de cette envolée. Je me félicite d’avoir choisi de porter des vêtements confortables qui s’ajustent à la perfection à ma position limitée par l’espace. Le temps passe et alors que le pilote annonce l’atterrissage imminent, j’éteins finalement mon mode passif et l’excitation s’empare finalement de moi. J’y suis! Ce voyage que j’ai si longtemps attendu débutera dans quelques minutes!

Un jour, j’ai choisi d’aimer prendre l’avion. J’ai choisi d’apprécier cette liberté de traverser le globe en quelques heures. J’ai choisi d’accepter le transport aérien comme étant une partie intégrante de mon voyage. Un jour, j’ai choisi le plaisir de voler!